L’eau potable

En 1875, le conseil municipal se plaint « qu’il n’existe depuis des temps immémoriaux un seul puits, situé à l’autre extrémité du village, dont le mauvais état a tari les sources ».

Ce premier puits était situé au marcage (au haut de la rue Ghesquière, voir ici), surmonté d’une pompe. En 1819, elle fut réparée le 15 Juin mais étant vétuste, elle fut remplacée le 15 Juillet 1819 par une nouvelle pompe fournie par Robert Chartier, maitre pompier à Phalempin, pour 126,50 francs.

En 1823, elle est déjà hors d’usage, et le sieur Chartier la remplace courant Octobre.

Elle est à nouveau remplacée le 24 Février 1866 par Duflot de Thumeries et Louis Macquart de Wahagnies lui construit un toiton pour 53,50 francs.

On l’appelait la pompe d’en bas, car ce puits était creusé à l’endroit le plus bas du village.

Le 29 Octobre 1875, la préfecture du Nord autorise la commune à faire creuser un nouveau puits sur la place du village.

Le sieur Hugot est chargé des travaux. Le nouveau puits est en briques surmonté d’un petit bâtiment et revient à 450 francs, y compris les seaux, chaines et poulies.

Sur la gauche, le bâtiment du puits creusé en 1875 sur la place du village

Le 23 Septembre 1897, la préfecture permet de creuser trois nouveaux puits pour subvenir aux besoins en eau d’une population en pleine croissance. C’est Joseph Duflot de Thumeries, qui est chargé de creuser ces puits, à une profondeur de 45 mètres aux lieux qu’on lui indiquera, pour la somme de 1750 francs.

Le 25 Août 1906, Monsieur Delfour, entrepreneur, installe une pompe sur le puits communal de la place.

En 1911, le dernier puits est creusé par Constant Diévart de Wahagnies à la Ruelle pour 645 francs. L’eau soumise à des examens par l’institut Pasteur le 29 Décembre 1911 est jugée très contaminée et impropre à la consommation. Il faut donc refaire toute la maçonnerie.

Pendant la 1ère guerre, un obus tomba dans le puits de la rue du Moulin. Malgré les recherches, il y est toujours, depuis le puits a été comblé.

Le bâtiment du puits durant la première guerre mondiale

Les trois-quarts au moins de la population dépendent de ces puits et pompes, où l’on va s’approvisionner ; ce sont de perpétuels va-et-vient, avec des « tainnés » (palanches en français) joug de bois d’où pendent deux seaux.

Mais il y a aussi les privilégiés qui ont leur puits personnel. En 1939-1945, lorsque les allemands coupèrent l’approvisionnement en eau de tout le village, de très nombreux habitants allèrent chercher de l’eau du puits chez Alphonse Dupont, rue Henri Ghesquière, dont le puits très profond n’était jamais à sec. Certains fossés fournissaient aussi une eau abondante et toujours claire (en haut de la rue Jules Guesde).

Vers 1920, le problème de l’eau devint crucial. La population s’accroissait rapidement. Les pompes ne suffisent plus, et le conseil municipal, réuni le 5 Décembre 1920, puis le 2 Juillet 1921 fait la demande d’une canalisation d’eau potable : « La canalisation mettra fin aux tribulations inouïes d’une population semi rurale, semi industrielle qui éprouve une gêne considérable à être sans eau ».

Le conseil municipal constate également que les pompes sont constamment utilisées, qu’elles se dégradent journellement et que les ouvriers sont continuellement occupés à les remettre en état.

Il faudra plus de 12 ans pour que le projet aboutisse : le premier projet, jugé trop onéreux, est abandonné au profit d’un forage électrique en 1922. Nouveau projet en 1928 passé le 12 Août 1932 avec les Eaux du Nord.

La canalisation provient des réservoirs de Mons-en-Pévèle et distribuée dans le village par 11 bornes fontaines, offertes, dès Janvier 1922 par une œuvre sociale : « Retour au foyer ».

Plusieurs « bornes fontaines » étaient donc installées dans la commune dont celle installée en face de l’église qui se manœuvrait avec un grand manche en bois. Les bornes étaient très fréquentées le jour de la « buée » (la lessive). Le Lundi matin, il y avait parfois de longues files d’attente et le soir les caniveaux du village avaient tous pris une belle couleur bleu à cause du produit utilisé pour teinter les vêtements de travail des ouvriers mineurs ou travaillant chez Béghin (les « bleus ») . En hiver, les élèves qui se rendaient à l’école s’amusaient à faire couler celle de la « Ruelle » (rue Jules Ferry) qui était située sur le trottoir en face de la boulangerie Delobelle, le soir ils y organisaient des concours de glissade jusqu’au virage de la « coopérative » (actuellement Proxi).

Le long de la route face à l’entrée de l’église on devine la borne fontaine

Aller chercher de l’eau à la pompe était une activité de la vie quotidienne. Les femmes et jeunes filles s’y attardaient pour bavarder, échanger des potins et sortir de chez elles. Parfois même, si une jeune fille voulait trouver un prétexte pour sortir de chez elle, elle jetait les seaux d’eau disponibles pour avoir l’occasion d’aller à la pompe où elle était sûre de trouver d’autres personnes occupées à bavarder.

Cinq habitants eurent l’eau à domicile en 1932. Il y en eut 50 en 1954.

De nos jours, tous les foyers sans exception ont l’eau courante.

Les bornes fontaines restèrent en service jusqu’en 1960 puis disparurent.


Sources : A, B